Patrimoine et histoire des hôpitaux.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les hôpitaux n’offraient pas une architecture propre même si l’on y observe une tendance croissante à affirmer leur caractère d’édifice public tel la monumentalisation de la façade ou la fermeture de la cour d’honneur par une grille ouvragée. L’incendie de l’hôtel-Dieu de Paris en 1772 engendra un vaste mouvement de réflexion sur ce type d’établissement qui donna naissance à un parti architectural dans lequel les bâtiments étaient agencés en fonction de la libre circulation de
l’air. Pareil parti architectural sous-tendu par les doctrines dites aéristes fut par la suite appelé système pavillonnaire.Toutefois, en raison d’abord des événements politiques révolutionnaires, ensuite de la mise à la disposition de la nation des immenses biens immobiliers du clergé, ce ne fut
qu’à partir des années 1820-1830, que l’on réalisa les premiers édifices hospitaliers répondant à ce système. Paradoxalement, la mise en évidence vers 1860 du rôle pathogène des microbes par Louis Pasteur, conforta en un premier temps la doctrine aériste au lieu de la discréditer. C’est pourquoi le système pavillonnaire poursuivit son essor jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale et les dispositions à caractère hygiéniste prirent même une forme encore plus exacerbée sous la pression du corps médical.
Une plus juste appréciation de la transmission des germes pathogènes minorant le rôle de l’air, ainsi que le renchérissement du prix des terrains en ville, firent abandonner, à partir des années 1930, le système pavillonnaire auquel fut substituée, presque sans transition, une construction à la fois compacte et de grande hauteur (12 étages au nouvel hôpital Beaujon à Clichy, 1932) et ce au nom de la fonctionnalité remise en honneur. Le parti architectural de l’hôpital bloc en hauteur s’imposa
immédiatement partout en France et se déclina ensuite avec seulement des nuances, hormis dans la construction des hôpitaux psychiatriques où l’ancienne formule pavillonnaire conserva la faveur des concepteurs. En revanche, dans les hôpitaux de type généraliste, se développa, dans les années 1960, une tendance vers le gigantisme et la massivité (15 étages au CHU de Créteil, 1965-1971, 24 étages au CHU Caen, 1968-1974), avant que la grande hauteur ne fût abandonnée, partie pour raisons de sécurité, partie au nom de la notion fourre-tout d’humanisation, et l’on en revint à un type de construction plus basse et plus éclatée qualifiée de système polybloc.